De l’art de faire du scooter en Thaïlande
Je n’aime voyager qu’en scooter en Thaïlande. Pourquoi ? Car l’expérience offre une liberté inouïe et un point de vue pluriel sur le pays.
Conduire en toute légalité
Avant de partir à l’aventure, il convient d’être au fait des exigences légales pour conduire un scooter en Thaïlande.
La loi stipule d’avoir sur soi son permis international avec coché la case A (gros cube) et le permis national, ou bien être titulaire d’un permis thaï pour les deux-roues.
Être en règle évite de se faire réprimander par les forces de l’ordre, mais surtout en cas d’accident, pour ne pas être dans l’embarras financier avec l’assurance ou l’hôpital, voire éviter la case prison dans les cas les plus retords.
Les avantages d’être en règle surpasseront toujours les inconvénients administratifs et les conséquences légales et financières en comparaison du coût du permis moto. Pensez-y.
Est-ce dangereux ?
Voyager en scooter amène logiquement quelques méfiances légitimes.
Je ne vais pas vous dire le contraire, conduire un deux-roues présente plus de risques qu’un trajet en voiture, mais cela est vrai dans le monde entier, pas qu’en Thaïlande.
Il est aussi vrai que des milliers de personnes meurent dans le royaume chaque année en deux-roues.
Selon moi, le degré de dangerosité résulte en grande partie de l’endroit ou de la région. Concrètement, dans les grandes agglomérations, à Bangkok il va sans dire, sur les grandes artères à cinq ou six voies, la conduite devient vite stressante et technique.
À Chiang Mai aussi, la ville subit son attractivité et je trouve personnellement que se balader autour de la Rose du Nord est complexe et désagréable, à l’exception des routes de montagne.
Conduire un scooter en Thaïlande n’est pas dangereux en soi, mais présente bel et bien un risque. Le niveau du risque dépendra pour beaucoup de vos sensations et de votre comportement sur la route.
Quelques conseils indispensables
Pour ne pas risquer l’accident, il convient de respecter quelques règles élémentaires mais qu’on ne rappelle jamais assez.
Cela paraît une évidence de l’écrire, mais il faut toujours porter un casque et éviter les shorts et autres claquettes pour conduire, ainsi que ne pas boire d’alcool.
Par sécurité, mieux vaut éviter de rouler lorsqu’il pleut ou la nuit, surtout à la campagne où les nids de poules sont piégeurs.
Plus généralement, il convient d’être sur ses gardes, concentré, ne jamais forcer le passage, ne pas être brusque, restez courtois en toute occasion, attendre son tour, tenir sa gauche.
Un conseil parmi d’autres car cela m’est arrivé des centaines de fois, il faut anticiper les animaux qui aiment traverser la route : chiens, poules, chats, cochons, serpents, varans, buffles, singes, etc.
Quoi qu’il en soit, vous aurez des frayeurs, mais sans doute pas plus que si vous conduisiez un scooter en France…
En d’autres termes, si conduire un scooter en France vous semble une entreprise risquée, alors ne le faîte surtout pas à l’autre bout du monde.
Avantages de rouler en scooter
L’objectif de cet article est en réalité de mettre à l’honneur les bienfaits d’un périple en scooter.
Un voyage est une question d’expériences.
Vous n’aurez pas la même impression en vous déplaçant en scooter ou en voiture, ou pire, en bus ou en train, qui offre un horizon si limité…
Pour obtenir un regard neuf, un autre point de vue sur le pays, privilégiez un véhicule où vous aurez tout loisir de choisir la direction.
Un scooter offre une liberté totale de parcourir le royaume. Vous n’imaginez pas à quel point les Thaïlandais seront surpris de vous voir arriver dans des provinces comme Chaiyaphum, Maha Sarakham ou Singburi.
Par ailleurs, sur un deux-roues, hormis lors des grandes chaleurs, on se rafraîchit dès lors que l’on roule.
On sent l’air plus ou moins frais à plein poumon, le parfum des récoltes, parfois des odeurs moins agréables mais elles font partie du décor. En somme, on hume le pays.
Vous aurez l’avantage de pouvoir vous arrêter où bon vous semble, dans une courbe photogénique ou sur un bas-côté pour regarder la carte. En clair, pas de problèmes de parking ou d’embouteillages.
Même la pluie est l’occasion de faire une pause inattendue. Si une averse croise votre chemin, prenez refuge sous une Sala, ces maisonnettes en bois qui garnissent toutes les routes du royaume à l’entrée des villages et aux intersections.
Dans le pire des cas, si vous êtes trempée, vous offrirez une bonne tranche de rigolade aux locaux qui ne se feront pas prier pour se moquer gentiment de vous.
Avantage du voyage en scooter plutôt qu’en moto
Le scooter offre un point de vue différent de la voiture certes, mais diffère aussi d’un road trip en moto.
Le scooter, c’est le slow life, la lenteur, pour se calquer sur le tempo du pays, car à quarante ou cinquante kilomètres à l’heure, la vie ne défile pas à la même vitesse que sur une Suzuki Hayabusa ou une Harley Davidson.
À moto, on bouffe du bitume, à scooter on apprécie le paysage et l’ambiance. Vous serez attentifs aux détails qui vous auraient passé sous le nez en gros cube.
En scooter, ce n’est pas tant la route qui vous intéresse que les alentours, les contours, les paysages et les rencontres.
À vitesse modérée, on a le temps d’apercevoir les sourires sur les visages et on se fait reconnaitre.
Les gens identifieront facilement que vous êtes étranger et parfois vous salueront. Aussi surprenant que cela paraisse pour un pays soi-disant touristique, dans l’arrière-pays, les enfants lancent aisément un farang farang ou un hello à la volée espérant que vous leur répondrez.
Enfin, question budget, il n’y a pas photo. Louer un scooter sera toujours moins onéreux qu’une grosse moto et les équipements et assurances qui vont avec.
Pour vous donner une idée, cela m’est arrivé de louer un scooter en bon état et bien entretenu pour moins de 3000 bahts par mois (moins de 100 Euros).
Partir, mais pour aller où ?
Mon unique recommandation d’itinéraire peut se résumer en quelques phrases.
Partez à l’aventure, soyez curieux, prenez les routes de traverse.
Le pays est quadrillé par des autoroutes rectilignes de 2 à 4 voies.
À part des stations essence, des usines et les éternelles maison-commerce plus ou moins délabrées, il n’y a rien d’intéressant le long de ces voies rapides.
À l’inverse, dès que l’on emprunte les petites routes, on découvre une autre Thaïlande, les villages resserrés, la nature, les maisons en bois sur pilotis, des cours d’eau, des virages (!), des temples discrets, en somme la vie telle qu’elle devrait être et qui fait le charme du pays.
Je me souviens de quelques routes désertes traversant des villages traditionnels en Isan, ou des routes de montagne, entre Phrae et Si Satchanalai par exemple, ou entre Chiang Rai et Nan. Quel plaisir en scooter !
En somme, partez à la découverte des bordures et des creux du pays.
Où et comment louer un scooter ?
Il faut savoir que vous pouvez louer un scooter à peu près partout en Thaïlande, du moins dans les grandes villes.
J’en ai déjà loué un à Bangkok, Ayutthaya, Chiang Mai, Chiang Rai, Uttaradit, Udon Thani, Khon Kaen, Buriram, Nong Khaï, Ubon Ratchathani et bien sûr dans toutes les destinations balnéaires.
Pour trouver un loueur de confiance, consultez les avis sur Google Maps et les commentaires. Plus les avis sont nombreux et positifs, plus votre expérience risque d’être positive.
Si la majorité des loueurs sont honnêtes, mieux vaut tout de même avoir quelques précautions.
Je n’ai jamais laissé une seule fois mon passeport en garanti et je ne vous conseille pas de le faire. Préférez une photo de votre passeport ou bien négocier pour laisser un certain montant en garanti (de 1000 à 5000 Bahts selon le loueur). Toujours mettre le tout à l’écrit et signer un contrat.
Avant de quitter le magasin, n’oubliez pas de prendre en vidéo votre scooter de manière à écarter tout litige sur une rayure ou une bosse discrète.
Insistez aussi pour obtenir un casque de qualité. Si vraiment ils n’en ont pas de convenables à disposition, je vous conseille d’en acheter un et de le revendre lorsque vous rendrez votre deux-roues… Cette dépense pourrait vous sauver la vie.
Sur ce, j’espère que cet article vous donnera envie de parcourir la Thaïlande différemment. Bonne route !